La chronique du 9ème art est un magazine multimédia et culturel du monde de la bande dessinée : critiques des sorties du mois, interviews d'auteurs, d'artistes, d'éditeurs, de traducteurs...

L'équipe de la chronique se déplace sur les événements majeurs de la bande dessinée (festival, salon) pour vous donner toujours plus d'informations.

vendredi 27 mai 2011

Thor

Nul besoin de connaître la version Marvel du dieu nordique pour aller voir le film Thor. Dans cette adaptation cinéma, le puissant guerrier Thor, sur le point d'être consacré comme héritier d'Odin, se retrouve par un excès d'arrogance et un certain manque de sagesse banni d'Asgard sur la planète Terre. Dans sa déchéance le demi-frère du Dieu du tonnerre, Loki, joue un rôle déterminant.

Cette relation entre les deux frères, très particulière, fait partie des bons points du film. Plus largement Kenneth Branagh réussit à donner le ton d'une tragédie ancienne aux scènes entre Odin et ses deux fils, Loki et Thor. Cette mise en scène rend la première partie du film, qui se déroule pour l'essentiel sur Asgard, intéressante.

Il n'en est pas de même à partir du moment où Thor atterit sur Terre. Passé les premières scènes au timing humouristique impeccable (Nathalie Portman écrasant deux fois le Dieu du Tonnerre), l'ennui s'installe aussi vite que Thor connaît sa rédemption. En moins de temps qu'il en faut pour écrire ses lignes, Thor apprend l'humilité et repart pour Asgard reprendre son dû des mains de son frère. Le déséquilibre entre le début du film et cette seconde partie est accru par des dialogues assez pauvres et un acteur principal moins à l'aise dans son jeu. Alors que sur Asgard  Chris Hemsworth incarne assez bien un dieu adolescent, fougeux et rieur, il n'en est pas de même sur Terre où il apparaît moins concerné et plus monolithique (la faute à un scénario trop faible sur cette partie du film ?).

Reste de cette séance des impressions aussi mitigées que ce film est déséquilibré. Malgré quelques qualités ce film est très dispensable et ne laissera pas un grand souvenir que l'on soit fan du comics ou pas.

Enfin dernière remarque qui concerne plus largement la  3D, la plupart des films (Thor inclus) employant cette technique n'en font pas grand chose. Aussi au sortir de la salle reste la désagréable impression que la 3D est juste là pour justifier un prix de place plus cher.

mercredi 25 mai 2011

le corbeau et autres meurtres noires de Philippe Sternis



Après une longue période d'absence, Philippe Sternis revient à la bande dessinée avec un album de récits noirs au ton très particulier. Autour du quotidien d'un dessinateur, d'une certaine ressemblance avec l'auteur, s'articulent trois histoires à l'ambiance de polar se ponctuant chacune par une mort. Chaque histoire soulève une question, où montre un aspect de ce sujet qui nourrit nombreuses de nos conversations. Ambiance polar oblige, le dessin est en noir et blanc. Pour autant le récit est loin d'être banal, et le fuchsia sur la couverture nous prépare au ton personnel de ces histoires.

De même si l'ambiance est lourde,  le récit se teint souvent d'une humour noire ; un ton décalé, même parfois, qui naît de l'absurdité d'une parole ou d'une action.  Captivé, on dévore ces trois histoires, ceci avec d'autant plus de plaisir que Philippe Sternis nous guide avec talent le long d'un récit intimiste au dénouement aussi inattendu que surprenant. La deuxième histoire autour des corbeaux est emblématique de cet album. Sur un événement qui aurait pu rester anecdotique, le dessin de l'auteur réussit à créer une tension insoutenable  qui captive le lecteur et suscite la réflexion de celui-ci sur le thème si particulier de la mort. 
Avec cet album, au sujet inédit pour cet auteur, Philippe Sternis signe un retour réussi à la bande dessinée. C'est une lecture dont vous auriez tort de vous priver.


Une bande dessinée, éditée par Fugues en bulles, que vous pourrez trouver à la table de son auteur à l'occasion de la prochaine édition de Strasbulles les 3 et 4 juin prochains.